La légende du Monstre du Mont du Chat - J'adore Chambéry

La légende du Monstre du Mont du Chat

La légende du Monstre du Mont du Chat

Un pêcheur nommé Antoine, habitant des rives du Lac du Bourget, vivait plus ou moins bien de ses prises, aléatoires comme chacun sait. Un jour, un de ces jours où rien ne va, ses patientes tentatives restaient vaines. Aussi, il fit ce que font les désespérés parfois, il invoqua le ciel de venir à son secours et promit que la première prise, signe d’une faveur accordée par le tout-puissant, serait, en signe d’offrande, rejetée dans le lac. Sa prière sembla porter ses fruits, en l’occurrence son poisson, il fit une prise magnifique, que tant de temps passé à avoir désirée rendait d’autant plus précieuse, mais aussi lui demandait d’autant plus d’effort pour respecter la parole donnée à celui qui l’avait si bien entendu. Un petit arrangement entre lui-même et sa précédente promesse lui fit jurer que grâce serait rendue avec le prochain poisson. Mais que celui-ci… Vous l’avez compris. Or, le deuxième était encore plus gros et plus beau que le premier, et notre pêcheur reporta encore une fois sa promesse; puis une autre; jusqu’à ce qu’il finisse par accrocher son hameçon à un poids qui faisait ployer sa canne au point de risquer la briser. Mais cette fois-ci, c’était un chat, un petit chat noir qu’il ramena des flots. Qui, tout bien soupesé, n’était pas aussi lourd que ce qu’il avait crû. Cette affaire prenait une tournure quelque peu singulière. Les prochains coups ne ramenèrent plus rien. Il sentait confusément que la chance, ou les faveurs « divines » n’étaient plus avec lui. Il ramena ses prises à la maison. Le chat ne fut pas du tout du goût de son épouse. Mais les enfants en firent un compagnon de jeu. Seulement le petit chat se mit jour après jour à changer de taille, jusqu’à devenir énorme, et de caractère, jusqu’à devenir féroce. Si bien que notre pêcheur décida de s’en débarrasser, sans toutefois le tuer, ne se sentant pas le courage de toucher à ce qui lui était venu dans des conditions quelque peu surnaturelles. Il éloigna le chat suffisamment pour le perdre dans les montagnes alentours…Mais ce ne fut pas la fin…

…Les nouvelles du monstre lui revinrent, plus terribles les unes que les autres. Il avait relâché dans la nature la terreur de la région, griffant, lacérant, égorgeant quiconque croisait son chemin. On dit même que le monstre fit sa tanière à l’endroit le plus fréquenté par les voyageurs, un col (depuis connu sous le nom du Col du chat) et se mit à y « prélever » des vies. Mais les monstres sont bien connus pour avoir quelques manies, et celui-ci, allez savoir pourquoi, un penchant sans doute irrépressible pour les mathématiques, se mit à compter jusqu’à 19 et à fondre systématiquement sur le vingtième infortuné qui avait le malheur de se présenter au col (certainement au bout d’une escalade épuisante). Comme ce vaillant soldat, qui se dirigeait d’un pas décidé vers le col, dans la hâte joyeuse de retrouver sa maison après une longue absence. Or les paysans du coin, qui ne manquaient pas de tenir une comptabilité scrupuleuse du nombre des passants, voulurent l’avertir de son « placement » en vingtième position, depuis la précédente victime. Le soldat refusant de se laisser interdire le doux retour au foyer par ce monstre indélicat, ne changea pas pour autant de cap, mais il se résolut à aller trouver dans une église les forces spirituelles et irrationnelles qui pourraient peut-être l’épauler dans l’épreuve; il pria avec ferveur, fit bénir son arme (épée ou arbalète, ou même fusil, les versions diffèrent) et reprit son chemin en direction du col. Que croyez-vous qu’il fit? Ceci n’est pas un film américain et pourtant, vous l’avez deviné, la fin est heureuse. Pour le soldat, la région, débarrassée de ce tueur. Pas pour le chat, frappé net au milieu d’un dernier bond effroyable et précipité dans le lac par le coup de maître du soldat. Lac où l’on dit encore aujourd’hui qu’il lui arrive d’écumer de rage et de se venger sur quelques malheureuses embarcations. J’oubliais de préciser que le pêcheur à l’origine de cette légende perdit dans son parjure son métier, sa santé, et un peu plus tard sa vie et celles de ses proches, tous retrouvés griffés, lacérés et égorgés dans leur petite maison.

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